Les absences et réapparitions mystérieuses du dirigeant nord-coréen
LE MONDE | 06.10.08 | 14h43 • Mis à jour le 06.10.08
TOKYO CORRESPONDANT
L'annonce par l'Agence de presse officielle nord-coréenne KCNA de la réapparition du dirigeant Kim Jong-il est aussi mystérieuse que son absence aux cérémonies officielles ces dernières semaines. Selon les services de renseignements américains et sud-coréens, il aurait été victime d'une attaque cérébrale.
Dans une dépêche du 4 octobre, KCNA écrit que M. Kim (66 ans) a assisté à un match de football marquant le 62e anniversaire de l'université Kim Il-sung. Il n'a été précisé ni la date, ni le lieu de l'événement. Aucune photographie n'a été publiée et la télévision n'a pas diffusé d'image. L'anniversaire de l'université Kim Il-sung tombait le 1er octobre.
Les rumeurs sur la santé de M. Kim ont commencé à circuler à la suite de son absence, le 9 septembre, aux cérémonies du 60e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC). A Séoul, la présidence avait annoncé que M. Kim avait été victime d'une attaque mais que son état de santé n'était pas alarmant. Les autorités sud-coréennes se sont employées par la suite à minimiser la gravité de sa maladie.
L'absence de M. Kim jusqu'à sa réapparition annoncée par KCNA aura duré 51 jours. Sa dernière sortie connue avait été une visite à une unité militaire le 14 août. C'est sa plus longue absence de la scène publique depuis 2003 lors de l'invasion américaine de l'Irak. Il n'avait "refait surface" que cinquante jours plus tard.
Pour les observateurs de la RPDC à Séoul, la réapparition du dirigeant à l'occasion d'un événement mineur vise à désamorcer, par un retour discret et naturel, les spéculations sur son état de santé. Aucune information n'a été donnée à ce sujet par les organes de presse nord-coréens. Le 1er octobre, Rodong Sinmun, organe du Parti du Travail, a simplement évoqué au détour d'une phrase la possibilité qu'il soit "fatigué" après d'"intenses activités au cours de l'été". Le régime a toujours démenti les rumeurs alarmistes sur l'état de santé de son dirigeant.
La disparition de la scène de celui-ci, fait-on observer à Séoul, alimente les spéculations sur sa capacité à gouverner et elle pourrait faire craindre au régime que la RPDC apparaisse affaiblie alors qu'elle négocie un ultime compromis sur la question nucléaire avec les Etats-Unis.
Philippe Pons
