mercredi 2 juillet 2008

Le travail, c'est la galère pour les jeunes Coréens - France24

Par Nathalie Tourret / FRANCE 24

"La lessive", une comédie musicale pas tout à fait comme les autres, remporte un énorme succès en Corée du Sud. Au-delà de ses qualités artistiques, cette pièce parle, en effet, d’un sujet qui préoccupe la société coréenne : la précarité des jeunes.

Pour le producteur de la pièce, Kim Hui-won, la réalité est si difficile qu’il était indispensable de traiter ce sujet: "A Séoul, il y a de plus en plus de travailleurs immigrés et de jeunes Coréens qui se trouvent dans une situation précaire. Le problème est grave, il faut en parler." Dans la salle, le public est jeune et cette pièce, qui raconte la vie dans des habitations en sous-sol, les brimades des employeurs, les salaires impayés et les licenciements abusifs, lui parle.

Un des spectateurs explique à FRANCE 24 qu’en Corée, beaucoup de gens sont pauvres, ont des problèmes d’emploi ou de logement. "C’est un problème en hausse, depuis longtemps", dit-il. Il est de plus en plus difficile, en Corée, de trouver un emploi fixe : en 2006, les précaires représentaient 35,5% de la main-d’œuvre.

Leur revenu est en moyenne 40% plus faible que celui des employés réguliers. A 24 ans, Park Kon-ah, possède un diplôme de restaurateur en hôtellerie. Mais il n’a pu trouver d'emploi que dans un fast-food. "Je n’ai pas pu trouver un travail fixe qui m’apprenne à cuisiner", raconte-t-il. "C’est pour ça que je suis là. L’été, je peux travailler comme cuisinier mais le reste de l’année, c’est impossible."

Kon-ah gagne moins de trois euros de l’heure. Moins encore pour Min Jeong-hyon. Cette jeune fille a 24 ans. Un diplôme d’architecte en poche, elle doit se contenter d’un "arbeit", un petit boulot. Elle travaille entre cinq et onze heures par jour chez Baskin-Robbins. "Tout le monde veut un meilleur travail, mais il n’y en a pas, c’est ça le problème", déplore-t-elle.

Ces dernières années, en effet, les entreprises coréennes ont généré peu d’emplois, hormis des métiers manuels, à bas salaires. Seuls les CV des diplômés des universités les plus prestigieuses intéressent les grandes sociétés. Kim Ta en a fait les frais. Diplômée en design, après deux ans d’études, elle n’a pu trouver qu’un emploi précaire, sous forme de stage. Elle raconte : "En Corée, il y a ceux qui font de longues études supérieures et les autres. Je fais partie des autres et je n’ai donc pas pu entrer dans une grande entreprise. Je gagnais à peine 500 euros par mois, moins que le salaire minimum. Je faisais tellement d’heures supplémentaires, non payées d’ailleurs, que je devais parfois dormir au bureau. Il n’y avait même pas une salle de bain pour se laver."

Une loi est entrée en vigueur en juillet dernier qui stipule qu’un emploi précaire doit être automatiquement transformé en contrat à durée indéterminé au bout de deux ans. Pour les syndicats, c’est en fait une manière de légaliser cette précarité.